Faith Ringgold, Committee to Defend the Panthers, poster, 1970
First photo by an anonymous tokolos Second artwork and photo taken by Dreadr-MSE Graffiti Crew in Soweto
Etrange scénario que celui des prochaines élections au Burkina Faso : comme au Sénégal il y a 2 ans, 1 Chef d'État tente de modifier via référendum l'article 37 de la Constitution pour pouvoir se représenter, sur fond de contestation sociale. La société civile s'organise, les rappeurs sénégalais Thiat et Kilifeu qui avaient initié la médiatisation du mouvement d'opposition qui devait aboutir au départ de l'ancien Président au Sénégal prêtent main forte au mouvement le Balai Citoyen qui en mixant rap et participation à la vie de la Cité, lui ressemble étrangement. A voir le reportage réalisé par Droit Libre TV sur cette rencontre et à suivre l'actualité du Burkina Faso. Elections présidentielles en 2015.
Bien qu'elle en ait publié d'autres auparavant, le roman de l'écrivaine américano-nigeriane Nnedi Okorafor sorti en 2010 qui a reçu le prix World Fantasy Award en 2011 "Who Fears Death", est régulièrement cité comme une référence dans la littérature de science-fiction africaine. C'est une très bonne nouvelle qu'il soit maintenant disponible en français grâce au label Eclipse.
Nnedi Okorafor qui revendique sa double appartenance et fait du Nigeria sa "muse", a trouvé dans la science-fiction et la fantasy le genre parfait pour déconstruire les dichotomies tradition/modernité, science/magie ou encore rationalité/superstitions.
Le label Eclipse qui maintenant fait partie de la maison d'édition Panini Books a également édité en 2011 la version en français de "Zoo City" de la sud-africaine Lauren Beukes.
Quelques liens :
une interview traduite en français de Nnedi Okorafor : http://tinyurl.com/nzqsef8
Et une critique du roman : http://tinyurl.com/q9vssph
Wangechi Mutu, Primary Syphilitic Ulcers of the Cervix, 2005
Africa SF, Paradoxa, avec en couverture une image de l’artiste sud-africain Tito Zungu.
" En 2010, Pumzi (2009) de Wanuri Kahiu, premier film kenyan de science-fiction, remportait le prix du meilleur court métrage au Festival du Film Indépendant de Cannes et District 9 (2009) de Neill Blomkamp, une co-production sud-africaine, était en lisse pour quatre Oscars. En 2011, l’américano-nigériane Nnedi Okorafor était la première auteure d’origine africaine à remporter le World Fantasy Award avec Who Fears Death (2010) et la sud-africaine Lauren Beukes était la première africaine a gagner le prix Arthur C. Clarke Award avec son second roman Zoo City (2010). En 2012, Ivor W. Hartmann publiait Afro SF, la première anthologie de science-fiction écrite par des écrivains africains.
Wanuri Kahiu adapte actuellement au cinéma le roman de Nnedi Okorafor; Neill Blomkamp a été promu au rang de faiseur de blockbusters hollywoodiens avec Elysium (2013); Ivor Hartman a en préparation un prochain volume de nouvelles et Leonardo DiCaprio a acheté les droits d’adaptation télé du nouveau roman de Lauren Beukes, The Shining Girls.
Si la science-fiction africaine n’est pas déjà là, elle arrive à grands pas. "
Ces lignes qui servent d’introduction à l’ouvrage Africa SF, paru en octobre 2013 et dirigé par l’universitaire anglais Mark Bould pour la maison d’édition américaine spécialisée dans la science-fiction, Paradoxa, pourraient à elles seules expliquer le pourquoi de ce livre : une actualité de la science-fiction africaine auréolée de succès médiatiques qui élargit les frontières du genre et justifie que des chercheurs et des universitaires se penchent sérieusement sur le phénomène.
Mark Bould pointe d’emblée la difficulté de l’exercice critique dans l’article qu’il consacre à trois romans emblématiques des périodes coloniales, post-coloniales et néolibérales : Qui se souvient de la mer de Mohammed Dib, La Vie et demie de Sony Labou Tansi et Utopia d’Ahmed Khaled Towfik. En choisissant de les relire à travers le prisme de la science-fiction, l’auteur se demande si il est possible / souhaitable / éthique d’inscrire ces œuvres dans une tradition littéraire occidentale sans procéder tout simplement d’une énième « réappropriation coloniale » : les européens cédant à l’attrait de « l’autre exoticisé » et « les auteurs de la périphérie redéfinissant une production locale à l’aune des gouts de la Métropole »
Pour aborder la SF africaine, il revient donc de se placer dans une perspective historique, d’examiner les rapports avec l’Occident, de penser contre le colonialisme et ses rémanences mais de penser également avec les capacités d’anticipation autochtones avec en toile de fond la globalisation et son modèle économique « star », l’ultra libéralisme.
C’est à partir de ces précautions méthodologiques que la vingtaine (19 précisément) de chercheurs, journalistes, écrivains, artistes a travaillé. Ils offrent de multiples pistes d’interprétations de ce qu’est cette SF africaine, de ses origines jusqu’à ses récents développements ainsi que ses liens diasporiques.
Parmi les nombreux articles tous aussi éclairants les uns que les autres, Malisa Kurtz fait une analyse très pertinente des deux romans cyberpunk de l’écrivaine sud-africaine Lauren Beukes, Moxiland et Zoo City qui fonctionnent comme des grilles d’interprétation de l’Afrique du Sud contemporaine. L’écrivaine se sert de fantômes, de lieux hantés et d'ex criminels « animalés » pour suggérer que dans la société post-apartheid se perpétue sous une forme nouvelle, la dichotomie propre à l’Afrique du Sud : la richesse de quelques uns obtenue par le travail et le maintien dans l’extrême pauvreté de la majorité.
Noah Tsika quant à lui revient sur Kajola (2009) de Omoniyi Akinmolayan qui restera gravé dans l’histoire du cinéma nigérian comme le premier film de science-fiction de Nollywood et la production la plus couteuse à ce jour. Or le film a immédiatement été déprogrammé quelques jours après la projection et est encore invisible à ce jour.
Dans son article l'artiste sud-africaine Pamela Phatsimo Sunstrum, défend l’usage de la SF comme outil créatif et politique permettant aux africains de réinterpréter la mythologie et les savoirs ancestraux, d’analyser le présent et d’imaginer de futurs possibles.
Il ne s'agit là que de quelques exemples, tous les articles sont passionnants car Africa SF participe à la démonstration que dans un monde multipolaire dont l’Occident n’est plus le centre, la science-fiction apparait comme un formidable potentiel imaginaire pour l’Afrique du XXIe siècle.
Oulimata Gueye
Lire également :
Dismantling the Echo Chamber: On Africa SF de Andrea Hairston parue dans la Los Angeles review of books.
Afrique et science-fiction. Un univers en pleine expansion.
Regarder :
Pumzi, le film : http://youtu.be/IlR7l_B86Fc
L’interview de Wanuri Kahiu dans ce blog
District 9, le trailer : http://youtu.be/7EAO96nYGGE
cinemakenya:
African metropolis 6 courts métrages, dans 6 métropoles africaines Abidjan, Le Caire, Dakar, Johannesburg, Lagos et Nairobi, 6 réalisateurs à suivre. Une belle initiative transcontinentale pour promouvoir les nouvelles représentations de l'Afrique et bousculer les idées reçues.
Photographer Cristina de Middel’s Intoxicating Blend of Truth and Fiction
Gerald Machona: Vabvakure (People from Far Away) (Zimbabwe)
Artist Statement: “Central to this body of work is my use of various decommissioned currencies as an aesthetic material,” explains Machona, “in an attempt to link historic and contemporary trends of African diasporic migration on the continent. Most recently, the migration of Zimbabwean nationals into neighbouring SADC countries and abroad, following the country’s political and economic collapse. While South Africa hosts the largest population of these Zimbabwean nationals living in the diaspora, in May of 2008 they were amongst the foreign nationals persecuted by the xenophobic attacks. It was reported that people were targeted through a process of profiling that assumed authentic South Africans are lighter in complexion or fluent in an indigenous language; this resulted in 21 of the 62 casualties being local citizens. Such beliefs have complicated who is considered an ‘insider’ and ‘outsider’ in South African society. Pitting ‘native’ against ‘alien’ and perpetuating an exclusive sense of belonging that is reminiscent of apartheid doctrine. There is a growing need in the post-colony to deconstruct these notions of individual and collective identity, since ‘nations’, ‘nationalisms’ and ‘citizenry’ are no longer defined solely through indigeneity or autochthony.”
"Of whom and of what are we contemporaries? And, first and foremost, what does it mean to be contemporary?" Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain?, Paris, Rivages, 2008. Photo: Icarus 13, Kiluanji Kia Henda
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